La journée
d’étude annuelle du CIRDoMoC aura lieu le samedi 06 juillet 2013
à l’abbaye de Landévennec. En hommage à la mémoire de Louis Lemoine,
elle aura pour thème : « Culture et enseignement dans la
Bretagne du haut Moyen Âge ».
dimanche 30 juin 2013
« Culture et enseignement dans la Bretagne du haut Moyen Âge ».
lundi 24 juin 2013
Carole des Géants et Val des saints. Cherchez l'erreur...
Dans le Roman de Brut, Wace (v. 1100- ap. 1175),
fait la promotion du site monumental de Stonehenge. Merlin décrit en ces termes
au roi Arthur la « Carole des Géants »:
«[…] Se tu veus faire oevre durable Qui mult soit bele et convenable
Et dont à tos jors soit parole ,
Fai ci aporter la carole
Que gaiant firent en Irlande:
Une mervillese oevre grande
De pierres en un cerne asises ,
Les unes sor les altres mises.
Les pières sont teles et tantes
Et si grosses et si pesantes
Que force d’ome qui or soit,
Nule d’eles ne porteroit […]
Sous la gouverne de Merlin, les Bretons procèdent au tranfert du monument. A cette occasion, le roi rend aux saints bretons l’hommage qui leur revient :
Merlins, qui ert en la compaigne,
Les mena en une montaigne
Où la carole fu asise;
Si come Merlins ensaigna,
Si com il dist et comanda,
Ont li Breton les pières prises
As nés portées, et ens mises.
Après ont lor voiles levées,
Em Bretaigne les ont menées.
En Bretaigne droit arivèrent
A Anbresbère les portèrent
En la montaigne iloc dejoste.
Li rois i vint, à Pentecoste,
Ses évesques et ses abés
Et ses barons a tos mandés;
Altre gent assés assambla
Fèste tint, si se corona.
Trois jors tint feste et al quart
Dona croces par grant esgart
A saint Dubris de Karlion
Et d’Euroïc à saint Sanson;
Andui erent de grant clergie
Et andui mult de sainte vie.
Et Merlins les pières dreça
En lor ordre et les aloa. »
Au service
de ses commanditaires Plantagenêts, l’auteur anglo-normand du XIIe siècle, met
ainsi en œuvre avec talent la "matière de Bretagne". On taxera sans doute
celui-ci d’une imagination débridée. Cependant nos contemporains ne sont pas en
reste pour associer « saints bretons » et mégalithisme. Après avoir
été qualifiée d’ « île de Pâques », voilà le projet pharaonique
de « La Vallée des Saints », initié par Philippe Abjean en 2008, labelisé
« futur Stonehenge breton » par la presse électronique :
« A
Carnoët, dans les Côtes d’Armor, c’est déjà 27 statues qui ont été taillées par
des sculpteurs de la région et érigées dans un cadre magnifique, surplombant la
vallée de Saint-Gildas. Elles mesurent de trois à quatre mètres de haut et
représentent chacune l’un des saints historiques bretons, ceux-là même qui ont
fondé et évangélisé la Bretagne aux Ve et VIe siècles. »
Simultanément,
les reportages sur la célébration du solstice d'été qui a réuni « 20 000
personnes à Stonehenge » font assaut d’approximations. Témoin ce
coupé-collé, collecté à partir d’un moteur de recherches.
« Depuis près de 5000 ans », chaque solstice d’été
attire les foules sur le « site préhistorique » de Stonehenge,
érigé plus de 2000 ans avant notre ère. La manifestation perpétue « un
rite celtique plusieurs fois millénaire ». La fête animée par des « druides
celtes » est l’occasion d’une cérémonie païenne rythmée par les
percussions durant la nuit la plus courte de l’année.
Au « Grand
Jeu des 7 erreurs », il n’est pas sur que Wace soit le gagnant…
mercredi 19 juin 2013
Des drakkars à l'abordage du Lough Erne jusqu'à Landévennec.
Lundi 17 juin à l’ouverture du sommet du G8 sur
le Lough Erne, dans le comté de Fermanagh en Irlande, des ONG ont affrétés deux
drakkars vikings. A leur bord des militants affublés de "grosses
têtes" à l'effigie des
chefs d’états du G8 ont longé les rives du lac à proximité du centre de presse
d'Enniskillen pour réclamer des actions fortes contre les paradis fiscaux.
Les voiles des drakkars escortées par des embarcations
des forces de l’ordre portaient l’inscription : End Tax Dodging. Quel
rapport entre les vikings et l'évasion fiscale ? Leur route serait-elle
passée par Enniskillen ? La représentante d'une ONG répondait avec un certain
détachement :
̶ "Ah, ça ?
Rien... Juste pour le fun...plutôt sympa, n'est-ce-pas?"
Le Monde et sa journaliste (17/6/13) ignorent sans doute qu’Enniskillen
Castle Museums propose un programme éducatif intitulé « The Vikings By Land & Sea ». Tout s’explique !
Parmi les activités de découvertes proposées à destination des scolaires, on trouve :
« Lakeland Canoe Centre :
Using canoes, children will learn how Vikings sailed
using square rigged sails discovering how Vikings overcame difficulties in
sailing the oceans and developed new technology.»
Les militants des ONG se sont sans doute inspirés de ce
programme pédagogique attractif. Les grandes entreprises qui échappent à
l’impôt sont en effet comparées aux Vikings qui pillaient les ressources des
pays qu’ils visitaient. Les « Normands » sont perçus aujourd’hui dans l’imaginaire
collectif comme des pirates sanguinaires. S’ils sont décrits de façon
terrifiante par les chroniques médiévales, c’est que les abbayes où ont été
rédigées ces sources étaient, à cause de leurs richesses, les cibles de leurs
raids dévastateurs. Les Vikings furent cependant aussi
synonymes de voyages de découverte, notamment de l’Amérique, de légendes
ou de civilisation mystérieuse.
Le G8 n’a pas organisé
de réunion en Bretagne et les ONG n’ont pas prévu d’y débarquer dans les mois
prochains. Pourtant, comme en Irlande, diverses manifestations sont organisées durant l’été 2013 pour marquer
le onzième centenaire de l'incendie de l’abbaye de Landévennec par les Vikings en 913.

Mais c’est à
Douarnenez qu’il faut se rendre paradoxalement pour découvrir un
évangéliaire carolingien conservé à la médiathèque du Grand Troyes (MS 960),
qui a quitté Landévennec en 913 lors de l’attaque des Normands. Il est revenu
dans une valise pour la durée de
l'exposition intitulée «La tombe Viking de Groix». Du 8 juin au 23 septembre, le Port-Musée de Douarnenez présente également une
réplique des drakkars qui ont servi de tombes sur l'île de Groix, au large de
Lorient. Un véhicule tractant une remorque est parti de la frontière
entre l'Allemagne et le Danemark avec un langskip
(= bateau viking) attaché dessus pour
rejoindre Douarnenez où il a été
installé dans un décor évoquant l'abbaye de Landévennec.

vendredi 14 juin 2013
"Du passé, faisons table rase"... Le mythe du "génocide originel": du Moyen Age à nos jours.
Le texte primitif
de l’Historia Brittonum, chronique attribuée
à Nennius et compilée en Gwynned (Pays de Galles) vers 830, a souvent été
interpolé. Une glose conservée par deux manuscrits du XIIIe siècle revient sur
le surnom des Letewicion («Létaviens»)
attribué aux Bretons armoricains pour en donner une étymologie fabuleuse (semi-tacentes). Le terme se
décomposerait en led-tewi (led : « moitié » et tewi : « se taire ») parce que « les Bretons armoricains parlent
confusément ». L’interpolateur évoque ainsi la légende du « génocide originel »
que Le Rêve de Maxime (Breudwyt Maxen) associe au personnage de
Kynan (= Conan Mériadec). Complice de Maxime dans sa conquête du continent, ce
dernier aurait massacré tous les indigènes mâles de la péninsule. « Alors Kynan
(= Conan) dit à son frère Adéon : "Que veux-tu, demeurer dans ce pays ou
retourner au pays dont tu viens ?". II fut d'avis de retourner au pays et
beaucoup d'hommes avec lui. Kynan resta avec l'autre partie pour
l'habiter. Ils résolurent de couper les langues des femmes pour que leur langue
ne fût pas corrompue. Du fait que les femmes étaient silencieuses, on les
appela Létaviens [jeu de mot sur Llydaw /
Letavia], Et par la suite vinrent et viennent encore de Bretagne des hommes
parlant cette langue. ». Ce mythe ethniciste
dont les racines remontent aux xie-xiie siècles constitue par
la suite « une pièce importante, sinon essentielle, d'un certain "nationalisme"
cultivé dans des milieux proches de la cour ducale de François II (1458-1488) et
de ses prédécesseurs immédiats » (Cf. Jean-Christophe Cassard, « Le génocide
originel: Armoricains et Bretons dans l'historiographie bretonne
médiévale », Annales de Bretagne et
des pays de l'Ouest, vol. 90/3 (1983), p. 416).
![]() |
L'Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth articule la légende de Conan avec celle de sainte Ursule. |
Avec la vogue des analyses ADN, le motif du « génocide originel »
reprend du service en Irlande.
Témoin cet article récent du Irish Times :
« A controversial theory holds invaders from Iberia may have massacred much of Ireland ’s male population. Did you know Ireland has the highest concentration of men with the R1b DNA marker? No fewer than 84 per cent of all Irish men carry this on their Y chromosome. While this marker is also high on male Y chromosomes in parts of Britain, particularly Wales, according to commercial ancestry testing company IrelandsDNA, the high prevalence here may indicate the arrival of a lot of people at a broadly similar time who weren’t prepared to peacefully co exist with the settlers here.
![]() |
The remains of a Bronze Age body found in Collinstown, Co Westmeath. |
“The high prevalence rates have always perplexed Irish geneticists and historians,” says Alastair Moffat of Irelands DNA. The firm’s research proposes a new hypothesis. There is already established evidence suggesting that the first farmers, (carrying the Y chromosome lineage of ‘G’, which can be found across Europe ) arrived in Kerry about 4,350BC.
According to Irelands DNA, the so called ‘G-Men’ may have established farming in Ireland “but their successful culture was almost obliterated by what amounted to an invasion, even a genocide, some time around 2,500BC” (the frequency of G in Ireland is now only 1.5 per cent) […]. This strongly suggests incoming groups of men. Because the R1b marker is still so prevalent in Ireland and is also frequently found in places like France and northern Spain we believed that around 2,500 BC, the R1b marker arrived in Ireland from the south.”
Moffat admits it is just a hypothesis but cites connections which lead to this theory. “ The first signs of farming in Ireland were found on the Dingle peninsula in Kerry, which suggests people coming from the south,” he says. “If you look at Lebor Gabála Érenn (=The Book of the Taking of Ireland, a Middle Irish collection recounting mythical origins of life in Ireland dating from the 11th century) most of the invasions come from the south.” The southern migrants referred to by Moffat were the Beaker people, originating from Iberia . [...] Moffat cites archaeological evidence, from the Copper Age, to suggest this movement. […] How did these new people impose themselves in such a big way,” he asks. “It has to have been through conflict. The early people were farmers so they invested generations of effort in improving the land. When these new people show up they must have used violence to shift the ‘G-Men’. The frequency of ‘G-Men’ is tiny in Ireland . Compare the statistics: 1 per cent versus 84 per cent.”
Not everyone is convinced, however. “What they [= IrelandsDNA] are suggesting is based on a very strong interpretation of a small piece of a genetic pattern,” says Prof Dan Bradley from the Smurfit Institute of Genetics. “There’s no real scientific evidence to warrant the use of terms like ‘genocide’. You can’t link modern genetic variation securely through archaeological strata without ancient DNA testing also. You can certainly have conjecture and there are indeed ways of looking at the time and depth of these things. But they have very wide margins for error. […]
“Sure there were a lot of population movements and mixing going on at this time. That’s why modern people don’t look like neolithic people, genetically speaking, but it would have had minimal impact on the gene pool” he says. “You’re not going to have hundreds of thousands of people suddenly coming from Spain but you would definitely have had smaller groups coming in boats. Plus there’s no archeological proof of any massive warfare or battles here at that time. » (J. Holden, “Is distinctive DNA marker proof of ancient genocide?” The Irish Times, Thu, Jun 13, 2013).
Voici une vingtaine d'années, j'ai arpenté un « enclos circulaire » (= rath) en compagnie du farmer propriétaire du terrain. Celui-ci n'a pas manqué de me raconter The Book of the Taking of Ireland. Je ne sais toujours pas si mon guide y croyait vraiment ...ou s'il se payait aimablement ma tête !
Voici une vingtaine d'années, j'ai arpenté un « enclos circulaire » (= rath) en compagnie du farmer propriétaire du terrain. Celui-ci n'a pas manqué de me raconter The Book of the Taking of Ireland. Je ne sais toujours pas si mon guide y croyait vraiment ...ou s'il se payait aimablement ma tête !
samedi 8 juin 2013
Jacques Dalarun, Gouverner, c'est servir.
Utilisant des sources inédites, Jacques Dalarun fait revivre de manière vigoureuse les acteurs de cette révolution. Il permet d’assister « en direct » à des scènes frappantes où l’on « abaisse les puissants pour exalter les humbles ». Il met ainsi en valeur, dans le sillage de Michel Foucault, une tradition contestataire et politique judéo-chrétienne différente du modèle gréco-romain, et toujours à l’œuvre dans les démocraties du XXIe siècle.
samedi 1 juin 2013
Guérande. 14e édition
de la Fête Médiévale : 1 - 2 juin
2013.
1488 - Anne respire...
Deux fillettes, sous bonne garde
descendent d’une gabare. Bientôt, elles se retrouvent juchées sur de grands
chevaux et partent au galop.
Le duc François II, leur père est
malade. Les guerres, les complots l’ont épuisé. La Bretagne souffre, mais il a
accordé à la future duchesse cette escapade en Presqu’île. Il sait qu’elle y
sera joyeusement accueillie et que tout le peuple l’attend avec impatience.
Enfin un sourire, Anne respire. L’air
de la mer la ravigote …. Elle pense avec délice aux tournois et danseries qui
l’attendent à Guérande.
Anne respire …
L'argument de la fête moyen-âgeuse guérandaise
ne mange pas de pain, cette année,
… mais ça ne manque pas de sel !
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