A l'Université: des cours en anglais
...ou en latin ?
L’article
2 du projet de loi Fioraso sur
l’enseignement supérieur prévoit
d’assouplir la loi Toubon de 1994 (le
français comme langue d’enseignement) en établissant deux exceptions :
« pour la mise en œuvre d’un accord avec une institution étrangère ou
internationale ou dans le cadre d’un programme européen ». La ministre de
l’Enseignement supérieur justifie cette proposition par la volonté d’attirer
des étudiants et professeurs étrangers. La mesure provoque des débats passionnés.
En réaction à une note intitulée : «Loi Fioraso : les vrais chiffres de l’anglais à l’université» par Sylvestre Huet, journaliste à Libération, un lecteur remet judicieusement le Moyen Âge sur le tapis afin de placer « un peu les choses en perspective »:
En réaction à une note intitulée : «Loi Fioraso : les vrais chiffres de l’anglais à l’université» par Sylvestre Huet, journaliste à Libération, un lecteur remet judicieusement le Moyen Âge sur le tapis afin de placer « un peu les choses en perspective »:
« J'ai rarement vu un débat qui est aussi mal
posé, les intervenants mélangeant tout et rien. La vérité est que l'anglais
joue le rôle de langue véhiculaire (cad de langue d'échange) dans le monde
académique (enseignement supérieur, recherche), comme le latin au moyen âge.
Faut-il une langue d'échange? Oui, évidemment, on ne peut pas demander à tous
de parler 15 langues [...] Surtout, il faut bien comprendre que, dans la plupart des
cas, les gens maitrisent le jargon technique de leur spécialité, sans plus.
J'en connais qui sont capables de discuter d'astrophysique ou de neurologie en
anglais, mais pas de commander quelque chose dans un restaurant. […] c'est
justement le rôle que l'on demande à cette langue. »
Par contre, sur
le site de la Fondapol, sous le titre
provocateur « Boutons l’anglais hors de France ! », les deux co-signataires,
Julien Gonzalez et Christophe de Voogd, concluent allègrement leur
article: « L’on n’aura pas la cruauté de nommer ces
grands esprits qui ont stigmatisé la « pauvreté linguistique » de
l’anglais […] et de s’interroger sur ce qui l’emporte dans cette
affaire : la sottise ou l’ignorance ? Il nous faudrait un Rabelais ou
un Molière, ces « génies de notre langue » dont se réclament
bien à tort ses tristes défenseurs, pour railler comme il le faudrait, cet
archaïsme délétère qui revient régulièrement paralyser notre université et
notre science à chaque fois que survient le défi d’une nouvelle modernité. Les
mêmes, soyons en sûr, auraient prôné au Moyen Âge la « défense de la
langue d’oil » contre le « tout-latin à l’université » et,
à l’époque moderne, le maintien du même latin contre l’arrivée du
« vulgaire » français ! »
Cherchez
l’erreur ! En tout cas, gageons que ni Rabelais
ni Molière n’auraient commis l’énorme bourde d’affirmer qu’au Moyen Âge la langue
d’oil avait du rivaliser avec le « tout-latin » à l’université avant que
celui-ci ne l’évince !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire