jeudi 22 août 2013

Sortie de La Paroisse. Communauté et territoire...

 Comme cela a été annoncé sur ce Blog voici un mois, vient de sortir en librairies ce jeudi 22/08:

                                  http://pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3246

vendredi 9 août 2013

Le fait religieux. Une approche de la chrétienté médiévale


Une nouvelle fois, la question du « voile » agite l'opinion, en plein coeur de l'été, à la suite d'un rapport du Haut Comité de l'intégration en forme de testament, et qui a été diffusé avant d’avoir été rendu public. Il fait le constat que les universités, le nombre des jeunes filles voilées est en plein essor, en même temps que se multiplient les associations culturelles, paravents d'un prosélytisme actif. Il propose donc de prohiber dans les établissements d'enseignement supérieur "les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse". Toutefois cette question est encadrée par une loi qui a été votée en 2004 après des débats houleux dans la société et au Parlement. Celle-ci interdit le port de tout signe religieux ostensible dans les collèges et lycées, mais ne dit rien des universités où seul le voile intégral est prohibé depuis 2011, comme dans tous les lieux publics français. Il n'appartient pas aux présidents d'université et à leurs conseils d'en décider autrement. Tout recours à une éventuelle réglementation antivoile dans ces établissements serait facilement gagné par les contrevenants. On consultera avec profit le billet particulièrement mesuré que vient de publier le géographe Jean-Robert Pitte, ancien président de l'université Paris-Sorbonne dans le quotidien "Le Monde" du 9/08/2013.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/08/09/signes-religieux-a-l-universite-les-vertus-d-une-laicite-apaisee_3459352_3232.html


Pour ma part, j’ai terminé ma carrière en prenant en charge à l’université Rennes 2 le cours sur le « fait religieux » à destination des étudiants de première année. Il est exact, bien entendu, que des jeunes femmes porteuses du fichu islamique se trouvaient dans l’amphi. Cela ne les empêchait pas (quitte à me valoir des mises en garde ironiques de certains collègues) de solliciter des entretiens confidentiels à l’intérieur de mon bureau à l’occasion des mes heures de permanence à l’intention des étudiants. Voici quelques extraits du manuel qui reprend la teneur de ce cours dans la collection « Didact Histoire ».

 « Le mot même de « religion » est d’ailleurs difficilement traduisible dans de nombreuses langues où  les missionnaires chrétiens ont eu bien des difficultés à l’introduire. L’exemple de la langue douala (Cameroun) est particulièrement savoureux : on a traduit le terme « religion » par ebassi (« petit fichu »), parce que les missionnaires demandaient aux femmes de se couvrir la tête dans un lieu de culte. C’est l’occasion de remarquer que le foulard (la mantille ou le chapeau, sans parler de la cornette des religieuses) porté naguère par les femmes dans les églises [et les bonnes sœurs à la faculté] disparaît alors qu’apparaît le voile « islamique » dans l’actualité. Le port du voile est attesté au Proche-Orient, plus de quinze cents ans avant le prophète Mahomet, dans la législation assyrienne (attribuée à Téglath Phalazar Ier – XIe s av. J.-C.) qui interdit aux épouses et aux filles d'hommes libres ainsi qu’aux hiérodules (« prostituées sacrées ») de sortir « la tête découverte » comme les esclaves ou des prostituées. La Bible atteste que ce même usage s’imposait aux « femmes honnêtes » pour se distinguer des « filles faciles » et le christianisme a pris le relai, conformément à la prescription de saint Paul aux Corinthiens « Toute femme qui prie ou prophétise le chef découvert fait affront à son chef ; c'est exactement comme si elle était tondue. » (1Co 11, 5-6). Demandez donc aux dernières bigoudènes en coiffe quel effet cela leur aurait fait de sortir « en cheveux », et rappelez-vous des malheureuses tondues à la Libération ! C’est sur cet arrière-plan qu’il faut lire les sourates du Coran qui prescrivent au Prophète : « Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de rapprocher un pan de leur voile de leur visage, cela est plus à même de les faire reconnaître [des femmes de condition inférieure ?] et à leur éviter ainsi d'être importunées » (sourate 33, verset 59). Récemment, en France, la loi du 15 mars 2004 sur le « port des signes religieux ostensibles dans les établissements publics »  a tranché au nom de la laïcité  en interdisant le « voile islamique » (hidjab, tchador, fichu, foulard), au même titre que la kippa, le turban sikh, ou les croix surdimensionnées. Toutefois, en plaçant la question sur le terrain de la neutralité vis-à-vis des religions, n’a-t-on pas occulté un autre aspect de celle-ci ?  Cette coutume trois fois millénaire (pour le moins) n’implique-t-elle pas  pour la femme un statut incompatible avec le principe de l’égalité des sexes ?
L’intérêt de cette affaire du voile pour notre propos est de soulever les problèmes que pose aujourd’hui encore l’ambiguïté du terme « religion ». Si ce concept existe dans certaines civilisations comme la nôtre, c’est précisément parce qu’il correspond à un secteur déterminé de la vie sociale, avec des limites bien précises qui le distinguent des activités profanes ou séculières. Par contre, si le mot « religion » ne se rencontre pas dans beaucoup de langues, ce n’est parce que les cultures concernées sont sans religion, c’est plutôt que celle-ci se distingue mal de l’ensemble des activités humaines. D’une certaine manière, tout est religieux : la religion n’a pas de domaine propre. Pour beaucoup de nos contemporains, il va de soi que le « fait religieux » ne se définit pas comme une catégorie bien individualisée mais qu’il se confond dans un tout : l’identité religieuse va alors de pair avec une identité ethnique, culturelle ou sociale. Il n’y a pas forcément, en matière de foi, de choix personnel conscient : il s’agit d’un ensemble de valeurs et de croyances à l’intérieur duquel se situent les croyants et qui  les façonne totalement. » ( Bernard MERDRIGNAC, Le fait religieux. Une approche de la chrétienté médiévale, Rennes, PUR, 2009).

Pour terminer cet article, je cite, sans vergogne, quelques passages de Comptes-Rendus dont a bénéficié l’ouvrage.
- « Plus qu’un écrit d’histoire de l’Eglise ou qu’un livre d’historien médiéviste, l’ouvrage se veut donc d’actualité. Il conforte ceux qui ont les idées déjà claires et initie ceux qui ne les ont pas. Il prétend débusquer les idées fausses et entend dénoncer les confusions. Il prend place dans le débat public. » (Le Moyen Age, 116, 2010).
- « B. Merdrignac, professeur à l’université Rennes II, est bien connu pour ses travaux sur l’histoire de la Bretagne médiévale. Mais on lui doit aussi La vie religieuse en France au Moyen Âge (2e éd. Paris, 2005). Il reprend ses recherches en présentant une synthèse sur le fait religieux dans la Chrétienté médiévale. . Cela dit, il faut féliciter notre collègue de ce livre qui, modestement, ne se veut qu’une « approche » de la chrétienté médiévale et lui souhaiter bon succès. » (Cahiers de Civilisation Médiévale, 54, 2011).

mardi 6 août 2013

Le Grand Bain sur « France Inter », le lundi 5 août 2013.


Les clés de la « Fantaisie » : dans le genre « Moyen Âge moyen-âgeux », difficile de faire mieux...

Pas la peine d’être un ado boutonneux pour aimer ces mondes fantastiques où se mêlent dragons, magie, elfes, gnomes et chevalerie. Ce matin, Le Grand Bain vous confie les clés de l’Heroic Fantasy : entre moyen âge de pacotille et légendes millénaires.
                             http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=669898