jeudi 23 mai 2013

A l'Université: des cours en anglais

...ou en latin ?

 

L’article 2 du projet de loi Fioraso sur l’enseignement supérieur prévoit d’assouplir la loi Toubon de 1994 (le français comme langue d’enseignement) en établissant deux exceptions : « pour la mise en œuvre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale ou dans le cadre d’un programme européen ». La ministre de l’Enseignement supérieur justifie cette proposition par la volonté d’attirer des étudiants et professeurs étrangers.  La mesure provoque des débats passionnés.

En réaction à une note intitulée : «Loi Fioraso : les vrais chiffres de l’anglais à l’université»  par Sylvestre Huet, journaliste à Libération, un lecteur remet judicieusement le Moyen Âge sur le tapis afin de placer « un peu les choses en perspective »:

« J'ai rarement vu un débat qui est aussi mal posé, les intervenants mélangeant tout et rien. La vérité est que l'anglais joue le rôle de langue véhiculaire (cad de langue d'échange) dans le monde académique (enseignement supérieur, recherche), comme le latin au moyen âge. Faut-il une langue d'échange? Oui, évidemment, on ne peut pas demander à tous de parler 15 langues [...] Surtout, il faut bien comprendre que, dans la plupart des cas, les gens maitrisent le jargon technique de leur spécialité, sans plus. J'en connais qui sont capables de discuter d'astrophysique ou de neurologie en anglais, mais pas de commander quelque chose dans un restaurant. […] c'est justement le rôle que l'on demande à cette langue. »

Par contre,  sur le site de la Fondapol, sous le titre provocateur « Boutons l’anglais hors de France ! », les deux co-signataires, Julien Gonzalez et Christophe de Voogd, concluent allègrement leur article:  « L’on n’aura pas la cruauté de nommer ces grands esprits qui ont stigmatisé la « pauvreté linguistique » de l’anglais […] et de s’interroger sur ce qui l’emporte dans cette affaire : la sottise ou l’ignorance ? Il nous faudrait un Rabelais ou un Molière, ces « génies de notre langue » dont se réclament bien à tort ses tristes défenseurs, pour railler comme il le faudrait, cet archaïsme délétère qui revient régulièrement paralyser notre université et notre science à chaque fois que survient le défi d’une nouvelle modernité. Les mêmes, soyons en sûr, auraient prôné au Moyen Âge la « défense de la langue d’oil » contre le « tout-latin à l’université » et, à l’époque moderne, le maintien du même latin contre l’arrivée du « vulgaire » français ! »

Cherchez l’erreur ! En tout cas, gageons que ni Rabelais ni Molière n’auraient commis l’énorme bourde d’affirmer qu’au Moyen Âge la langue d’oil avait du rivaliser avec le « tout-latin » à l’université avant que celui-ci ne l’évince !   

lundi 20 mai 2013

 

Un miracle de saint Yves.

La cueillette du goémon en Trégor.


La fête de saint Yves (19 mai) est l'occasion de relire quelques ouvrages de Jean-Christophe Cassard.  Cet historien qui vient brutalement de nous quitter savait exploiter avec talent les actes du Procès de canonisation de l'official de l'évêché de Tréguier. Voici quelques titres de livres. La bibliographie de ceux-ci orientera le lecteur vers des articles plus spécialisés, le cas échéant.

Jean-Christophe Cassard, Saint Yves de Tréguier. Un saint du XIIIe siècle, Paris, Beauchesne, 1992.

Jean-Christophe Cassard, Jacques Dervilly et Daniel Giraudon, Les Chemins de saint Yves, Morlaix, Skol Vreizh, 1994.

Jean-Christophe Cassard et Georges Provost (dir.), Saint Yves et les Bretons. Culte, image, mémoire, 1303-2003, Rennes, PUR, 2004.

Edités par A. de La Borderie, les témoignages recueillis en 1330 constituent des sources exceptionnelles sur la société Trégoroise à la fin du XIIIe siècle. Auparavant, la Société des Bollandistes en avait publié des morceaux choisis dans les Acta Sanctorum (Mai, IV). J'en retiens ce passage qui contient (d'après le Glossaire de Du Cange) la première attestation du terme "goémon". On en déduit que ces algues servaient déjà à amender les cultures littorales au début du XIVe siècle.

 
Voici la traduction française que propose de ce texte Jean-Paul Le Guillou, Saint Yves - Enquête de canonisation. Ceux qui l’ont connu témoignent. Ceux qu’il a guéris racontent Teck Impressions, Saint-Brieuc, 2e éd., 2003.
(Le traducteur a choisi de  faire parler le témoin au style direct, sous-entendant les questions, supprimant les redites. Il s'est ainsi fixé pour objectif de donner à ce long compte-rendu d'audience, non seulement des dimensions plus modestes, mais surtout un peu de vie, sans pour autant altérer si peu que ce soit le témoignage. Je rectifie toutefois quelques erreurs de lecture par rapport au texte latin ci-dessus).
 
TEMOIN 94: Alain André, de la paroisse de Trédarzec, âgé de trente ans ou environ...
« Je me trouvais un jour sur le bord de la rivière maritime, près du port de Roc'h Du à proximité de la cité de Tréguier, en compagnie de trois autres enfants et nous avions recueilli un tas de cette herbe marine qu'on appelle goémon. J'étais monté sur ce tas dans les eaux de la rivière pour le ramener chez mon père, comme on pilote les navires. Je l'avais pourtant déjà mené par l'eau sur la distance d'un jet de pierre, mais le tas se défit et s'éparpilla parmi les eaux. Je tombai donc de mon tas dans la mer, croyant pouvoir rejoindre la terre à pied, mais je n'y parvins pas, l'eau étant très profonde. ».
 
L'enfant est sauvé de la noyade  à la suite de l'invocation de saint Yves par ceux qui assistaient à l'accident. Le témoignage se poursuit:
 
[…] « Je ne savais pas nager, et je ne le sais pas non plus maintenant. Je me tenais debout sur le tas, comme on se tient debout sur un bateau. »

          http://tv-tregor.com/spip.php?article287. Le flottage du goémon (4 novembre 2006).
 



Pour une meilleure intelligence de cette scène, il convient sans doute de consulter en ligne le reportage intitulé "Une drôme au sillon" sur "TV Trégor.com", la TV locale du Trégor-Goelo:
 
 « La drôme est une technique de ramassage et de transport du goémon que les anciens utilisaient pour ramener leur récolte à la rive. Dans le Trégor, cette technique de flottage du goémon fut utilisée jusqu’au début des années 60. A l’époque, il fallait plusieurs équipes de goémoniers pour couper, transporter l’algue et confectionner la drôme. Si les petites drômes se faisaient dans la journée, il fallait parfois 4 à 6 jours de travail pour confectionner les grosses qui pouvaient atteindre 10 m de diamètre. »

Il est tentant de traduire carrément ici le latin globus par "drome" (outil de goémonier). La fiche Pleubian (22) du site de l'Inventaire des CdA confirme cette lecture.

« Description
La drome est un radeau de goémon flottant, utilisée pour le transport des goémons en mer. Elle mesure environ 5 mètres de diamètre et 1, 50 mètre de profondeur. La drome est confectionnée à partir des algues collectées et fauchées à pied pendant le temps de la 'berz' : la collecte communautaire du goémon de rive, pendant le temps de l'hiver. Les algues sélectionnées sont l'ascopylum nodosum (« vawac'h ») et le fucus visiculus (« colac'h »), goémons qui flottent facilement. Le tas de goémon prend forme au bout de plusieurs jours. Il est lesté en attendant de pouvoir flotter, afin d'éviter la dispersion des goémons recouverts par la marée. Une fois le tas constitué, de forme circulaire, celui-ci est lacé avec une rosace de cordes en chanvre. La drome est ensuite perchée par au moins deux hommes à l'aide de grandes perches plombées, selon un mouvement particulier. La drome peut être accompagnée ou tirée par un bateau. Le bateau pouvait tirer plusieurs dromes à la fois (radeaux de goémons).
Historique
La pratique de la drome est attestée depuis le 13ème siècle par un témoignage de saint Yves, qui sauva un enfant de la noyade, en rivière de Tréguier. La drome est utilisée pour le transport des goémons en mer jusqu'à une rive abordable. L'usage de la drome est commun aux littoraux de certaines régions et de certains pays, comme le « Pays des abers » (Plouguerneau), les côtes du Sud-Ouest de l'Irlande et la Galice espagnole. La pratique des dromes a aujourd'hui disparu en Bretagne.»

 


 



 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 


samedi 11 mai 2013

Des Scoti à Compostelle.

Dérobé en juillet 2011 dans la cathédrale de Compostelle le Codex Calixtinus a été récupéré un an plus tard par la Garde civile à l’occasion d’une perquisition chez un employé du chapitre. Ce célèbre manuscrit du XIIe siècle comporte, entre autres, un texte attribué à Aimery Picaud de Parthenay qui n’en représente qu’une petite partie et avec lequel il est souvent improprement confondu. Sous le titre de Guide du pèlerin, la traduction française de ce document a connu un tel succès de librairie que les pèlerins d’aujourd’hui finissent par croire qu’ils ont en main la copie conforme du guide de leurs prédécesseurs, ancêtre des topo-guides de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre. On consultera avec profit à ce sujet la notice intitulée « Le Guide du Pèlerin, du Père Fita à l'itinéraire culturel européen » sur le  site saint Jacques et Compostelle de la Fondation David Parou (animé par Denise Péricard-Méa).
Je n'en retiens ici que quelques extraits qui attestent de la circulation de motifs relatifs aux Scoti (ce mot latin s'applique à la fois aux Irlandais, aux Ecossais, voire aux Bretons insulaires et même péninsulaires) et aux Cornubiani (des Cornouailles britanniques):

Les Navarrais et Basques se ressemblent à propos de l'alimentation, des repas et de la langue, mais les Basques ont le visage plus blanc que les Navarrais. Les Navarrais portent des habits noirs et courts qui s’arrêtent aux genoux à la mode des Scots [...] 

[...] On raconte communément que les Basques descendent de la race des Scots, car ils leur ressemblent par leurs coutumes et par leurs traits. On dit que Jules César envoya en Espagne trois peuples, à savoir les Nubiens, les Scots et les coués de Cornouaille pour faire la guerre aux peuples d'Espagne qui ne voulaient pas lui payer tribut. Il leur ordonna de faire périr par le glaive tous les mâles et d'épargner seulement la vie des femmes. Ayant envahi cette terre par la mer et après avoir détruit leurs bateaux, ils dévastèrent tout par le feu et par le glaive depuis Barcelone jusqu'à Saragosse et de Bayonne jusqu'au Mont Oca [= Burgos]. Ils ne purent dépasser ces limites car les Castillans s’unirent pour les chasser de leur territoire. Dans leur fuite, ils atteignirent les monts marins situés entre Nájera, Pampelune et Bayonne, c'est à dire le littoral de Biscaye et d'Álava qu’ils occupèrent, où ils construisirent de nombreuses forteresses et massacrèrent tous les mâles. S’étant emparé de leurs épouses par la force, ils eurent des enfants qui, par la suite, furent appelés Navarrais par leurs successeurs. Ainsi Navarrais veut dire « non vrai », car ils ne sont pas issus de race pure ni de souche légitime (Trad. J. Vieilliard collationnée avec B. Gicquel).

Quelques décennies plus tard, dans sa Topographie de l'Irlande, Giraud de Cambrie présente Bayonne comme le chef-lieu de la Gascogne "d'où sont venus les Irlandais" (Urbs Baonensis [...] Blasconie caput est unde Hibernensies provenerant). Les relations entre la péninsule ibérique et les Îles britanniques sont déjà évoquées chez des écrivains de l'Antiquité comme Tacite et Orose. Le jeu de mot entre  Iberi et Hiberni donne souvent lieu à des développements chez les auteurs médiévaux.
Encore plus significatif, le motif légendaire du "génocide originel" que l'on retrouve ici a son équivalent dans l'historiographie bretonne. Celle-ci a fait naguère l'objet d'une analyse fouillée par J-C. Cassard: « Le génocide originel : Armoricains et Bretons dans l'historiographie bretonne médiévale », ABPO,  1983 (90/3), p. 415-427.
Reste le sobriquet de « coués » (caudati: "pourvus d'une queue") appliqué aux Cornouaillais. Jeanne Vieilliard, qui a édité et traduit le Guide en 1938 note que ce "qualificatif est fréquemment attribué aux Anglais au Moyen Age". Elle renvoie à Du Cange qui cite Jacques de Vitry: Anglicos potatores et caudatos. Bien entendu, ce surnom reprend du service pendant la Guerre de Cent ans. Voir, C-V. Langlois, « Les Anglais du Moyen Âge d'après les sources françaises », RH , 52 (1893), p. 298-315. L'adjectif ne paraît pas avoir de connotation grivoise, mais relève plutôt du registre facétieux. Il est intéressant de le voir ici réservé aux seuls Cornouaillais. A titre d'hypothèse, on peut se demander si le terme ne désignait pas d'abord une mode de coiffure ("portant une queue de cheval"), comme les "couettes" (= "petites queues") aujourd'hui, avant toutes réinterprétations malveillantes ?


vendredi 10 mai 2013

Mise en ligne de superbes
manuscrits médiévaux
La Bibliothèque de Trinity College (Dublin) vient de mettre en ligne l'intégralité du Livre de Kells à l’occasion de la St Patrick (mars 2013).  
Simultanément, lInstitut de recherche et d’histoire des textes (IRHT-CNRS) a mis en ligne en avril dernier la « Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux » (BVMM). Elle permet de consulter la reproduction d’une large sélection de manuscrits, du Moyen Âge jusqu’au début de la Renaissance, conservés dans des fonds patrimoniaux dispersés sur tout le territoire français (excepté la BNF).  
http://bvmm.irht.cnrs.fr/




samedi 4 mai 2013

Gilbert de la Porrée, Cornificius

et la  la "Fête des Cônes" de Rimou.

 

Au début de son Métalogicon composé en 1159, Jean de Salisbury († 1180), s’en prend énergiquement aux disciples d’un énigmatique personnage qu’il surnomme ironiquement Cornificius, du nom d’un auteur latin contemporain de Cicéron. Selon le futur évêque de Chartres, ces « cornificiens » ne voient dans les études que les débouchés professionnels qu’elles promettent et les avantages matériels qu’ils envisagent d’en tirer.

Gilbert de la Porrée.
Le père Pierre Mandonnet, historien de la philosophie médiévale, identifiait ce Cornificius avec le maître parisien Galon qui enseignait avec succès sur la montagne Sainte-Geneviève au moment où Jean de Salisbury suivait à Paris  les leçons de Gilbert de la Porrée en 1141. Chancelier de la cathédrale de Chartres après 1126, ce dernier devient évêque de Poitiers en 1142, et meurt en 1154. C'est avant tout un théologien. A l’instar des principaux maîtres de l’école cathédrale de Chartres (Bernard, Thierry, Guillaume de Conches…), il se serait rangé parmi les « amis des lettres » adversaires résolus de ces partisans de l’« allégement des programmes » (E. Gilson) avant la lettre. Selon le Métalogicon, Gilbert « avait coutume, lorsqu’il les voyait courir aux études de leur conseiller le métier de boulanger. Il disait que dans son pays, ce métier était le seul qui acceptât tous ceux qui n’avaient pas d’autre métier ni d’autre travail. Il est très facile à exercer, il est l’auxiliaire de tous les autres et il convient surtout à ceux qui cherchent moins l’instruction qu’un gagne-pain » (trad. E. Gilson).
Sans doute cette critique rend-elle compte du choix par Jean de Salisbury de ce surnom qui signifie étymologiquement « fabricant de cornes », c'est-à-dire de « croissants ». En effet, à l’encontre de la légende qui veut que ces « viennoiseries » aient été inventées par les boulangers de Vienne pour commémorer l’échec du siège de la capitale autrichienne par les Turcs en 1683, ces pâtisseries étaient déjà très prisées au Moyen Âge. Par exemple, les Comptes généraux de Tournai (1463) font état de croissants au beurre, achetés à la douzaine et fort appréciés.
Quant aux « cornes » de Cornificius, on en retrouve encore l’écho dans les pages locales du quotidien Ouest-France (11 août 2012) qui annonce la fête communale annuelle de Rimou (Ille-et-Vilaine), appelée « la Fête des Cônes ». À l’occasion de la messe du 15 août, on y bénit, des petits pains cruciformes dénommés « cônes » en parler du pays, « parce qu’ils ressemblent à deux paires de cornes croisées ». On les emporte chez soi pour se protéger de la foudre. Des milliers de visiteurs viennent pour assister à la messe et aux festivités qui suivent la cérémonie religieuse.
Rimou: la bénédiction des cônes.
Selon le président du Comité des fêtes de Rimou, « la légende raconte que, dans un village de Rimou, une fermière qui pétrissait son pain fut surprise par un violent orage et tomba à genoux en lâchant ses pâtons qu'elle fabriquait. Elle pria la Sainte Vierge. Lorsque l'orage s'arrêta, elle s'aperçut qu'en tombant par terre, la pâte s'était divisée en deux morceaux, formant une croix en s'assemblant. Pour faire vivre cette tradition, une confrérie a été fondée, dite confrérie Notre-Dame de l'Assomption. Elle se compose de deux entrants, deux donnants et deux sortants. Les sortants doivent trouver leurs successeurs. Les donnants fournissent le blé qui sera transformé en farine pour que des boulangers confectionnent environ 2 000 cônes. »
Le témoignage du folkloriste A. Orain à la fin du XIXe s. est encore plus savoureux (1897). « Depuis bien des siècles, il existe dans la commune de Rimou la confrérie des Cornes, dont la fête est célébrée le jour de l’assemblée de l’endroit. Pour être membre de ladite confrérie ou cornard (on prononce cônard), on paie deux sous seulement, moyennant lesquels chaque souscripteur a droit à sa quote-part des 52 messes qui sont dites chaque année à Rimou à l’intention desdits cônards, et en plus à une corne d’un petit pain à quatre cornes. Quand on est un membre sérieux, on ne laisse pas le bedeau vous détacher une corne du pain ; on paie 30 centimes de supplément pour l’avoir tout entier. Ce pain passe pour se conserver indéfiniment sans moisir ni se putréfier, mais non pas sans durcir […] La confrérie comprend 12 à 1500 adeptes car les habitants des communes voisines se font également inscrire comme cônards ».

vendredi 3 mai 2013

Renart et le culte de saint Malo au XIIe siècle.


Rédigé en Flandre par Nivard au milieu du XIIe siècle, l'Ysengrinus est un des prototypes du Roman de Renart. Pour duper le coq, le goupil lui annonce qu'une paix a été conclue. Comme l'autre se méfie, il avance des arguments convaincants:

"C'est demain [15 nov.] la fête du très grand saint Malo. Ecoute: une cloche accompagnée d'une de ses soeurs sonne maintenant none en cette veille de fête. Tu les entends toi-même. Que pourrais-je te dire de plus? (A ce moment, les deux cloches sonnaient par hasard, mais non pour cette raison). Cette fête vénérable rend les routes sûres. Crois-tu maintenant pouvoir m'accompagner" [...en pélerinage]? (trad. E. Carbonnier).